mardi 4 décembre 2012

L’Homme unidimensionnel

Herbert Marcuse, 1964.

“Le philosophe n’est pas 
un médecin ; il n’a pas pour tâche de soigner 
les individus, mais de comprendre le monde dans lequel ils vivent. ”
Bible de la pensée critique dans les années 1960, L’Homme unidimensionnel s’attaque de front à la description de ce qu’Herbert Marcuse nomme la « société industrielle avancée », présente aussi bien dans le monde capitaliste « libre » que du côté soviétique. Il dénonce la bureaucratisation des rapports sociaux et surtout le formatage de la pensée à travers les médias, la publicité ou la propagande, voire la simple morale ambiante. Aussi modernes soient-elles, les sociétés industrielles s’acheminent, selon Marcuse, vers une forme de « pensée unique » qui tue toute possibilité de divergence. Contre le marxisme orthodoxe, il ne croit plus au rôle émancipateur de la classe ouvrière, et compte plutôt sur les minorités actives que sont les intellectuels radicaux, les artistes, les minorités sexuelles pour secouer le joug des idées dominantes. Marcuse soutient une posture radicalement critique et même « négative », dans la mesure où la pensée positive s’identifie à la pensée unidimensionnelle. Paru en France en avril 1968, L’Homme unidimensionnel tombe à pic pour alimenter les forums des étudiants révoltés, et soutenir l’émergence d’une nouvelle gauche radicale antisoviétique, dont une partie alimentera, un peu plus tard, les rangs des mouvements « maoïstes ».

Herbert Marcuse (1898-1979)
Philosophe et politiste né à Berlin, il rejoint l’école de Francfort en 1932 et s’exile avec elle en 1933. Après la guerre, il enseignera aux états-Unis et adoptera la nationalité américaine. On lui doit, en 1955, Eros et civilisation, un développement libertaire de l’analyse freudienne.

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