Herbert Marcuse, 1964.
Bible de la pensée critique dans les années 1960, L’Homme unidimensionnel
s’attaque de front à la description de ce qu’Herbert Marcuse nomme la
« société industrielle avancée », présente aussi bien dans le monde
capitaliste « libre » que du côté soviétique. Il dénonce la
bureaucratisation des rapports sociaux et surtout le formatage de la
pensée à travers les médias, la publicité ou la propagande, voire la
simple morale ambiante. Aussi modernes soient-elles, les sociétés
industrielles s’acheminent, selon Marcuse, vers une forme de « pensée
unique » qui tue toute possibilité de divergence. Contre le marxisme
orthodoxe, il ne croit plus au rôle émancipateur de la classe ouvrière,
et compte plutôt sur les minorités actives que sont les intellectuels
radicaux, les artistes, les minorités sexuelles pour secouer le joug des
idées dominantes. Marcuse soutient une posture radicalement critique et
même « négative », dans la mesure où la pensée positive s’identifie à
la pensée unidimensionnelle. Paru en France en avril 1968, L’Homme unidimensionnel
tombe à pic pour alimenter les forums des étudiants révoltés, et
soutenir l’émergence d’une nouvelle gauche radicale antisoviétique, dont
une partie alimentera, un peu plus tard, les rangs des mouvements
« maoïstes ».
Herbert Marcuse (1898-1979)
Philosophe et politiste né à Berlin, il rejoint l’école de
Francfort en 1932 et s’exile avec elle en 1933. Après la guerre, il
enseignera aux états-Unis et adoptera la nationalité américaine. On lui
doit, en 1955, Eros et civilisation, un développement libertaire de
l’analyse freudienne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire