David Chalmers, 2010, L'esprit conscient.
Né en Australie en 1966, David Chalmers s’est fait remarquer dès l’âge de 30 ans avec son livre désormais classique L’Esprit conscient (Ithaque, 2010). Il enseigne à l’Australian National University et à la New York University. Sur son site, Chalmers a recensé aussi des milliers d’articles en philosophie de l’esprit. (http://consc.net/chalmers/)
Une vidéo circule sur Internet où l’on peut voir le philosophe David
Chalmers, cheveux long et blouson de cuir, se produire sur scène en 2010
pour chanter (très mal) son Blues du zombie.
Le « zombie » en question est un personnage de son livre L’Esprit conscient,
l’une des références principales de la philosophie de l’esprit
contemporaine. Supposons, écrit Chalmers, un monde de zombies,
c’est-à-dire un monde où vivent des individus en tout point comparables
aux humains : même physique, même biologie, mêmes actions… sauf qu’ils
n’ont pas conscience d’exister. Ils agissent donc sans conscience
d’agir, comme des somnambules. Ils peuvent manger, boire, courir, mais
ils ne connaissent pas les phénomènes de conscience tels que le goût de
la fraise, la douceur des rayons de soleil sur la peau, la tristesse de
la séparation.
Des êtres vivants et agissants mais privés de ces phénomènes (que les philosophes appellent « qualia
») sont-ils concevables ? Si l’on admet que oui (comme la plupart des
scientifiques qui prétendent expliquer le fonctionnement du cerveau en
termes de physique ou de biologie), c’est que la conscience ne leur est
pas nécessaire. Le goût des choses qu’est la conscience est un
« supplément d’âme » rajouté à l’univers matériel. Un supplément d’âme ?
Cela rappelle la théorie dualiste de René Descartes qui postulait la
coexistence de deux substances : le corps et l’esprit. C’est bien une
forme de dualisme, répudié par la plupart des philosophes de l’esprit
contemporains, que réhabilite Chalmers, à sa manière, car il admet que
la conscience « survient sur des faits physiques ».
Son livre a marqué les esprits car il n’est pas seulement celui d’un
philosophe au profil atypique, il respecte tous les critères du
raisonnement rigoureux : expériences de pensée, discussions critiques
des thèses en présence, démonstration serrée fondée sur des arguments
logiques. Voilà pourquoi il est vite devenu incontournable.
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