"Capabilités"
Après avoir rappelé ces notions partagées, Nussbaum se distingue en
proposant une liste des capabilités qu’elle juge plus centrales que
d’autres, parce qu’elles conditionnent lourdement la liberté de chacun
de mener une vie digne : le droit à une vie suffisamment longue, à la
santé du corps, à la liberté de se déplacer, à recevoir une éducation, à
avoir les croyances qu’il souhaite, à ne se heurter à aucune
discrimination raciale, ethnique ou sexiste, à avoir des loisirs, etc.
On y retrouve ainsi, formulés plus généreusement, l’essentiel des droits
humains universaux.
Ce faisant, Nussbaum introduit une hiérarchie là où
Sen entendait maintenir la plus grande ouverture possible. Mais la
démarche se défend, car, comme l’explique l’auteure, ces droits de la
personne ne sont en rien une invention de l’Occident, mais une exigence
plusieurs fois formulée en divers lieux et divers temps. Ce qu’elle
montre, un peu trop rapidement peut-être pour clore un débat qui,
périodiquement, agite l’Assemblée générale des Nations unies.
Martha Nussbaum
Née en 1947, est une philosophe américaine qui enseigne l’éthique à
l’université de Chicago. Spécialiste de philosophie grecque ancienne,
elle a développé une pensée originale où la notion de vulnérabilité
occupe une grande place, faisant se rencontrer la condition féminine et
le souci de justice sociale. Depuis 1980, elle collabore avec Amartya
Sen et a développé avec lui la notion de « capabilités » en réponse aux
insuffisances de la Théorie de la justice sociale de John Rawls. Par
ailleurs, elle milite pour un enseignement faisant place aux humanités
classiques. D’elle, on peut lire en français Femmes et développement
humain, Éditions de femmes, 2008, Les Émotions démocratiques, Climats,
2011, et Capabilités, Climats, 2012.
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