Pour accompagner l'atelier de réflexion autour du phénomène open data,
nous poursuivons la publication d'une série d'articles, de reportages,
et d'analyses, autour de la question de la libération des données. Après les entretiens au long cours avec plusieurs acteurs, notamment anglo-saxons - Nigel Shadbolt, Michael Cross - place à la (tentative de) synthèse, autour de plusieurs questions fondamentales. Premère étape avec un retour aux origines du mouvement : d’où vient-il ? Quelles sont ses possibilités ?
Au commencement étaient les données publiques
produites par les services de l’administration, les collectivités
territoriales. Elles sont de toute nature et de plus en plus nombreuses :
statistiques, géographiques, urbanistiques, économiques…
Ensuite, il y a leur numérisation,
désormais généralisée, et la possibilité de les mettre en ligne via le
Net. Enfin, la prise de conscience que tout ce matériel pourrait générer
des choses formidables s’il était porté à la connaissance des citoyens,
des chercheurs, des associations, des entreprises…
« Il existe trois moteurs principaux au mouvement Open data, explique Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation Internet Nouvelle Génération (Fing). L’amélioration
de la connaissance, par exemple en matière de compréhension des
territoires ; le besoin d’enrichissement du débat citoyen grâce à une
plus grande transparence de l’action publique ; la création de nouveaux
services nés de la combinaison et d’une réutilisation originale de ces
données. »
L'audience, un réservoir à idées
Les grandes institutions internationales ont ainsi, par exemple, compris que leur audience constitue un formidable réservoir à idées pour exploiter leurs statistiques. Le concours lancé par la Banque mondiale, baptisé « Apps for development »,
qui s’est clos le 10 janvier dernier, visait à valoriser les quelque 2
000 indicateurs mis en accès gratuit sur son site au printemps dernier.
Résultat : plus de 100
dossiers venant de 36 pays – un tiers desquels était africain – ont été
déposés. Les applications soumises devaient répondre, d’une façon ou
d’une autre, aux objectifs de développement du millénaire définis par l’ONU en l’an 2000. Objectifs qui touchent autant à l’éducation qu’à la santé, à l’environnement ou à l’égalité des sexes.
Les propositions sont extrêmement variées : une application pour smartphone qui permet d’évaluer les progrès enregistrés par les différents pays dans la mise en œuvre de ces objectifs, ou Treepet,
un jeu sur Facebook dont le principe consiste à effectuer au quotidien
un geste pour l’environnement et à sensibiliser les autres utilisateurs
du réseau social.
Des applications aux usages très variés
Et ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres. Ces perspectives enthousiasmantes font d’ailleurs fleurir les superlatifs : « C’est une révolution aussi importante que l’arrivée de l’Internet lui-même », s’enflamme Bruno Walther, cofondateur de Captain Dash,
une start-up qui fournit aux directions marketing un tableau de bord
dynamique permettant de croiser données internes (comme les ventes ou
les stocks) et externes (géographiques, sanitaires, météorologiques,
politiques…), pour optimiser leurs campagnes.
« C’est une
rupture majeure, l’aboutissement d’un mouvement de fond né il y a quinze
ans, qui a vu l’appropriation par tout un chacun des outils numériques
dans un monde désormais entièrement numérisé », renchérit Bernard Stiegler, philosophe et directeur de l’lnstitut de recherche et d’innovation du centre Pompidou.
« La puissance publique réalise que l’information n’est pas un pouvoir mais une ressource, au même titre que l’énergie », décrypte Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris, qui a piloté le développement du portail Open data de la capitale.
Quant aux chiffres, ils font rêver : dans un récent rapport, la Commission européenne chiffrait à 27 milliards d’euros les retombées économiques potentielles d’un développement significatif de l’Open data. Pas moins !
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