mardi 10 juillet 2012

Les islamistes ne font que commencer

La démolition de sept mausolées de saints musulmans, le 30 juin à Tombouctou, par le groupe islamiste Ansar Dine a provoqué l'émoi des Maliens et de la communauté internationale. Ce quotidien de Bamako appelle à une réaction rapide contre les "gangs du Nord", qui ne semblent pas prêts de s'arrêter dans leur campagne de destructions.

04.07.2012 | Adam Thiam | Le Républicain

 Capture d'une vidéo de la destruction d'un mausolée saint par les islamistes à Tombouctou.

Capture d'une vidéo de la destruction d'un mausolée saint par les islamistes à Tombouctou.
La démolition des lieux saints à Tombouctou n’est pas un accident. Au contraire, c’est un plan. Mieux, un message à l’endroit des résidents de la ville sainte, de la communauté musulmane du pays et de la sous-région sahélienne. Le plan confirme que pour les jihadistes l’argent ne peut jamais être qu’un moyen, jamais une finalité. Celle-ci, terrible et sectaire, est d’imposer l’islam salafiste. Qu’on appelle cela fanatisme religieux n’a pas d’importance. Que les actes posés en son nom provoquent un concert de réprobations et de condamnations, non plus.

Abou Zeid et Belmokhtar [deux des chefs d'AQMI, Al-Qaïda au Maghreb islamique] ne voient pas dans les mausolées détruits en un jour le témoignage des siècles de civilisation. Ils ne s’attachent pas à la valeur touristique des monuments et les tour-opérators ne sont pas leur tasse de thé. Ils sont dans la seconde phase de leur stratégie : celle de détruire toute autre forme d’islam que celui qu’ils professent et n’accepter sur leurs terres aucune autre religion que la leur. Ils ont encore beaucoup d’autres cimetières et des lieux de cultes à profaner, si leur progression doit continuer.

A cet égard, les ruines de Tombouctou sont un tournant pour l’indignation qu’elles ont suscitée de presque partout. Tant au niveau international que national. L’imam Dicko [président du Haut conseil islamique] taxé de sympathie pro-ansardine dans certains cercles s’est démarqué très clairement du sacrilège commis dans la ville sainte par les jihadistes. Les ressortissants du Nord, à travers le Coren, interpellent de plus en plus le gouvernement. Il est vrai que détruire un lieu de culte en raison de sa culture que l’on croit supérieure à celle de la victime ou prendre l’honneur d’une fille sous la menace de la kalach participent tous de ces viols odieux que connaît le Nord-malien occupé.

Il est vrai que très curieusement et c’est dommage, l’on semble plus ému par l’effondrement des mausolées que le trauma des viols sexuels. Mais c’est l’évidence que les destructions à Tombouctou et le minage du terrain à Gao ne permettent plus de pirouettes. Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra est sommé, au risque d’être lâché par le pays de clarifier sa position et d’informer celui-ci sur quand, comment, avec qui, il compte mettre fin à la scandaleuse humiliation de toute une nation par les gangs du Nord, fussent-il aguerris, motivés et bien armés

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