Henri Guaino en septembre 2011. (Photo Charles Platiau. Reuters) |
Portrait Le rédacteur des discours du président sortant, qui se présente dans les Yvelines, fait face à une fronde d’élus UMP locaux.
Comme tout parachuté, Henri Guaino s’expose,
le temps de sa descente, à la mitraille des élus locaux. C’est la dure
loi du genre. Investi par l’UMP dans la 3e circonscription
des Yvelines pour les législatives, le conseiller spécial de Nicolas
Sarkozy connaît le même sort que son ancien voisin de bureau Claude
Guéant, ex-secrétaire général de l’Elysée dont la candidature est très
contestée à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Pour Guaino, comme
pour Guéant, l’élection est loin d’être certaine. Largement acquise à la
droite - Sarkozy y a recueilli près de 64% des suffrages le 6 mai -,
cette 3e circonscription est en effet convoitée par deux
autres candidats UMP, Philippe Brillault et Olivier Delaporte, maires du
Chesnay et de La Celle-Saint-Cloud.
«Éthique». Pour se ménager la possibilité d’un
parachutage in extremis, la commission d’investiture de l’UMP avait
classé cette terre imperdable parmi les quelques «circonscriptions
réservées». Ce qui n’avait pas empêché Olivier Delaporte de partir en
campagne, avec le soutien des deux poids lourds du département, Valérie
Pécresse et Gérard Larcher. Delaporte n’avait pas de mots assez forts
pour dénoncer hier cette «faute politique». L’investiture de Guaino serait, à l’entendre, un manquement à «l’éthique» et au «respect». Se prévalant de son «enracinement»,
le maire de La Celle-Saint-Cloud fait valoir qu’il a le soutien de la
plupart des maires. Embarrassé, le patron de l’UMP, Jean-François Copé,
se disait vendredi «très favorable» à l’investiture de Guaino, un homme «de grande qualité». Mais il ajoutait qu’il faudrait «bien sûr avoir l’accord aussi des députés et sénateurs des Yvelines». Valérie Pécresse, qui n’avait pas caché ses réticences à propos de cette «candidature tardive et assez hasardeuse», a fait savoir vendredi qu’elle «regrette» cette investiture.
«Mais l’enjeu n’est pas local ! Nous parlons d’élus de la nation ! proteste Guaino. Il s’agit de savoir qui l’on veut au Parlement, qui portera la voix de l’opposition.»
La plume de Nicolas Sarkozy supporte mal son procès en parachutage.
Après un quinquennat passé à défendre sans relâche l’action du chef de
l’Etat, il estime faire partie des «voix qui comptent au niveau
national». «Je ne pense pas avoir démérité. Que ceux qui se sont plus
engagés que moi viennent me donner des leçons», ajoute Guaino qui
n’imagine pas que, après avoir gouverné cinq ans à ses côtés, Valérie
Pécresse puisse venir lui chercher querelle.
«Couplets». L’ex-conseiller spécial pourrait faire valoir que le parachutage de personnalités «nationales»
est une tradition dans cette terre promise. Avant lui, Anne-Marie
Idrac (1997) et Christian Blanc (2002) y ont été élus députés contre des
prétendants locaux. Mais il s’agissait, dans les deux cas, de
centristes. «Dans ce coin, l’électorat est ultramaastrichtien, c’est
plein de cadres sup, de gens qui paient l’ISF et mettent leurs enfants
dans des écoles internationales. Pas sûr qu’ils soient très sensibles
aux couplets sur les frontières et sur la France du non», ironise
un haut responsable de l’UMP des Yvelines. Guaino, lui, veut croire que,
même dans ce ghetto doré, la France du oui a pris la mesure de la crise
et qu’elle voit bien que «tout a changé et que plus personne ne porte sur l’Europe et sur la finance le même regard qu’il y a cinq ans». On pourrait donc voter Guaino à La Celle-Saint-Cloud. «Et puis, ici, les électeurs sont assez snobs pour être flattés par cette candidature», ajoute un fin connaisseur de ce singulier biotope.
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