| Carolyn Kaster/AP/SIPA |
Par Régis Soubrouillard - Marianne
Multipliant les menaces de frappes sur Téhéran, le premier Ministre
Benjamin Netanyahu utilise clairement la fenêtre de tir des
présidentielles américaines pour peser dans le débat politique
américain, avec pour seul objectif de faire tomber un Barack Obama trop
peu belliciste à son goût. C'est que sur un plan stratégique, rien ne
justifie des attaques sur l'Iran.
Officiellement, « toutes les options sont sur la table ».
Si de nombreux dirigeants israéliens, parmi lesquels le président
Shimon Peres, mais aussi le chef d’état major des armées et la
communauté du renseignement sont opposés à une attaque sur l’Iran, le
premier ministre Benyamin Netanyahu est plus que jamais décidé à
déterrer la hache de guerre. Dans une annonce macabre
destinée à préparer les esprits et qui se voulait rassurante, l’armée
de l’état Hébreu a ainsi assuré que le nombre de morts ne dépasserait
pas 300. Une évaluation rapidement revue à la hausse : « 500 victimes »
a rectifié le Ministre de la Défense Ehud Barak, pas vraiment sûr de la
précision de son coup : « Il pourrait y avoir moins ou plus de
morts, mais c'est le scénario auquel nous nous préparons. Les
estimations font état d'une guerre qui durerait 30 jours et aurait
plusieurs fronts ». Après la guerre « zéro mort » -dans son camp-
inventée par les américains qui s’était révélée peu convaincante, les
israéliens lancent les estimations à la louche…
Journaliste spécialisé en questions de défense en Israel, Alon Ben David affirme que « faute d’avoir pu obtenir une suspension du programme nucléaire iranien, le temps de l’action est venu et Netanyahu est déterminé à attaquer l'Iran avant les élections américaines ».
Autre élément renforçant le climat de tensions, cette fois-ci sur la scène politique, la Knesset (Parlement) a entériné, jeudi, la nomination d'Avi Dichter -considéré comme un « dur »- , à la tête de la Défense passive, un ministère crucial en cas de guerre. Ancien chef des renseignements de l’état Héberu, Uri Saguy estime pour sa part que les menaces de frappe relèvent d’une « hystérie orchestrée dont le timing a été planifié pour placer le pays dans un état d’anxiété, artificiel ou non. Ce serait une erreur d’utiliser la force aujourd'hui afin de contrecarrer le potentiel nucléaire iranien».
De son côté, le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a déclaré qu’il ne pensait pas qu'Israël ait pris une décision définitive concernant une éventuelle attaque de l'Iran qui a promis de riposter en dévoilant récemment une partie de son nouvel arsenal militaire.
Journaliste spécialisé en questions de défense en Israel, Alon Ben David affirme que « faute d’avoir pu obtenir une suspension du programme nucléaire iranien, le temps de l’action est venu et Netanyahu est déterminé à attaquer l'Iran avant les élections américaines ».
Autre élément renforçant le climat de tensions, cette fois-ci sur la scène politique, la Knesset (Parlement) a entériné, jeudi, la nomination d'Avi Dichter -considéré comme un « dur »- , à la tête de la Défense passive, un ministère crucial en cas de guerre. Ancien chef des renseignements de l’état Héberu, Uri Saguy estime pour sa part que les menaces de frappe relèvent d’une « hystérie orchestrée dont le timing a été planifié pour placer le pays dans un état d’anxiété, artificiel ou non. Ce serait une erreur d’utiliser la force aujourd'hui afin de contrecarrer le potentiel nucléaire iranien».
De son côté, le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a déclaré qu’il ne pensait pas qu'Israël ait pris une décision définitive concernant une éventuelle attaque de l'Iran qui a promis de riposter en dévoilant récemment une partie de son nouvel arsenal militaire.
Une attaque qui pourrait s'avérer contre-productive
Selon Netanyahu, le président Barack Obama n'aurait d'autre choix que de
soutenir la décision israélienne, au risque de se confronter aux lobbys
juifs et de perdre une partie des suffrages de la communauté.
« La multiplication récente de déclarations publiques sur l'Iran a pour but, en plus de préparer l'opinion publique aux conséquences d'une éventuelle frappe, de pousser l'administration américaine à davantage de clarté sur le sujet. Les déclarations de la Maison Blanche sont jugées trop vagues par les dirigeants israéliens. En évoquant publiquement l'éventualité d'une opération militaire israélienne imminente, ils veulent pousser les Américains à abattre leurs cartes » expliquait à l’AFP Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Université de Tel-Aviv.
« La multiplication récente de déclarations publiques sur l'Iran a pour but, en plus de préparer l'opinion publique aux conséquences d'une éventuelle frappe, de pousser l'administration américaine à davantage de clarté sur le sujet. Les déclarations de la Maison Blanche sont jugées trop vagues par les dirigeants israéliens. En évoquant publiquement l'éventualité d'une opération militaire israélienne imminente, ils veulent pousser les Américains à abattre leurs cartes » expliquait à l’AFP Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Université de Tel-Aviv.
Plusieurs
thinks tanks américains, pourtant peu réputés pour leur « pacifisme »,
estiment d’ailleurs qu’une attaque israélienne encouragerait plutôt
l’Iran à poursuivre, sinon accélérer son programme nucléaire.
Une dramaturgie aux ambitions purement électorales
Un coup de billard politique à trois bandes, alors ? Derrière ces
menaces de moins en moins voilées à l’égard de l’adversaire iranien,
c’est bien son meilleur ennemi Barack Obama, engagé dans une compétition
électorale trop délicate pour lancer un débat public sur l’opportunité
de frapper Téhéran, que Benyamin Netanyahu chercherait à atteindre.
C’est que dans leurs campagnes respectives, Obama et Romney se disputent les faveurs de l’Etat hébreu. Selon le journal israélien Haaretz, Barack Obama aurait dévoilé en juillet au premier ministre israélien des plans d'attaques américaines contre l'Iran. En revanche, on ne sait rien sur la date et les détails d'une telle éventualité.
Mitt Romney, son adversaire républicain a rapidement surenchéri affirmant qu'il fallait maintenir l'option militaire sur la table pour contrer la «folie nucléaire» de l'Iran. Son entourage a même assuré que le gouverneur «respecterait» une éventuelle décision israélienne d'attaquer l'Iran, sans avoir obtenu le feu vert préalable et explicite des États-Unis.
Ancien directeur de la Délégation aux affaires Stratégiques, Maître de conférences à Sciences Po et auteur de La fabrication de l’ennemi, Pierre Conesa tient ces nouvelles menaces comme « relevant de la dramaturgie. Rien ne justifie aujourd’hui sur le plan stratégique le déclenchement d’une attaque contre l’Iran. C’est évidemment un argument utilisé par Netanyahu pour mettre son nez dans la campagne électorale américaine et peser de tout son poids sur les positions des candidats vis-à-vis de l'Iran. De ce point de vue, Netanyahu a clairement choisi son camp. Romney a eu des déclarations très bellicistes, c’est un George Bush II. Lors de sa visite en israël, il est allé jusqu'à présenter Jérusalem comme la capitale d'Israël ! Dans le camp républicain, la mécanique néo-conservatrice est encore très vivace. Personnellement, je pense d’ailleurs que les plans d’attaques contre l’Iran présentés par Obama à Netanyahu avaient bien plus pour objectif de lui démontrer qu’Israël ne pourrait pas le faire seul –il faudrait une centaine d’avions en l’air- et sûrement pas avant la présidentielle ».
C’est que dans leurs campagnes respectives, Obama et Romney se disputent les faveurs de l’Etat hébreu. Selon le journal israélien Haaretz, Barack Obama aurait dévoilé en juillet au premier ministre israélien des plans d'attaques américaines contre l'Iran. En revanche, on ne sait rien sur la date et les détails d'une telle éventualité.
Mitt Romney, son adversaire républicain a rapidement surenchéri affirmant qu'il fallait maintenir l'option militaire sur la table pour contrer la «folie nucléaire» de l'Iran. Son entourage a même assuré que le gouverneur «respecterait» une éventuelle décision israélienne d'attaquer l'Iran, sans avoir obtenu le feu vert préalable et explicite des États-Unis.
Ancien directeur de la Délégation aux affaires Stratégiques, Maître de conférences à Sciences Po et auteur de La fabrication de l’ennemi, Pierre Conesa tient ces nouvelles menaces comme « relevant de la dramaturgie. Rien ne justifie aujourd’hui sur le plan stratégique le déclenchement d’une attaque contre l’Iran. C’est évidemment un argument utilisé par Netanyahu pour mettre son nez dans la campagne électorale américaine et peser de tout son poids sur les positions des candidats vis-à-vis de l'Iran. De ce point de vue, Netanyahu a clairement choisi son camp. Romney a eu des déclarations très bellicistes, c’est un George Bush II. Lors de sa visite en israël, il est allé jusqu'à présenter Jérusalem comme la capitale d'Israël ! Dans le camp républicain, la mécanique néo-conservatrice est encore très vivace. Personnellement, je pense d’ailleurs que les plans d’attaques contre l’Iran présentés par Obama à Netanyahu avaient bien plus pour objectif de lui démontrer qu’Israël ne pourrait pas le faire seul –il faudrait une centaine d’avions en l’air- et sûrement pas avant la présidentielle ».
Un scénario qui n’a pas dû emballer le faucon Netanyahu.
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