lundi 25 juin 2012

Perles polies, "inconscience", "impensées", dérapage ? Merveilles de l'imbécile Heureux !!!

Les auteurs de perles ne sont pas condamnés à une mauvaise note. «Certains ont des copies correctes malgré un dérapage», assure une correctrice charentaise. Ces perles lui arrachent souvent un sourire. «Même si parfois on en vient à se demander ce que nos propres élèves ont bien pu écrire», sourit-elle. L'agacement peut survenir, parfois aussi. «Hier, c'était très bien parti. J'ai commencé avec de très bonnes copies. Puis, j'ai eu une série d'une dizaine de copies remplies d'énormités. Là, ça agace.»

Ce sont des «perles», des vraies. De la légèreté qui fait sourire souvent, en fera bondir d'autres. Ces perles, ce sont celles qu'un correcteur du baccalauréat pour l'académie de Poitiers a trouvées dans ses copies du cru 2012. Section bac ES (économique et social). Les sujets étaient: «Peut-il exister des désirs naturels» et «Travailler, est-ce vraiment utile?».

Voici quelques monuments qui ne resteront pas gravés dans l'histoire de la philo. Orthographe originale en prime.

Entre Béru et Van Damme. «Pour être heureux, l'homme doit aller en Laponie car là-bas, la nature est encore intacte et ses désirs ne sont donc pas influencés par les autres (pour Épicure, l'homme doit tendre vers l'aponie = la paix du corps et vers l'ataraxie = la paix de l'esprit.»

A préféré Guaino à Rousseau. «Les désirs naturels varient. Par exemple, pour une famille vivant en Afrique, les désirs naturels seront de dormir et de manger car l'Afrique vit encore de manière sauvage. Mais pour un Français bien plus évolué, ce sera d'avoir une voiture, une machine à laver et une très grande garde-robe.»

Orthographe en transe. «Le désir est transe sans dent par rapport au corps.»

Le désir au-dessus de l'amitié. «Par exemple, j'ai vécu une expérience qui illustre très bien le sujet. Ma meilleure amie sortait avec un garçon très mignon qui m'a fait des avances.» Suit une demi-page sur le «cocufiage», «cocufiage» issu d'un désir naturel puisque impulsé par le corps!

Bien fait pour Rousseau! «Selon Rousseau, il vaut mieux rêver ses désirs plutôt que les satisfaire. C'est pour cela qu'il a toujours vécu seul et malheureux.»

Rebelle. Conclusion d'une copie d'une page et demie: «Là où l'élève philologue aurait mis en opposition les définitions trop bien apprises, de préférence avec la racine grecque ou latine, du désir, là où l'élève philosophe se serait perdu en disgressions pour expliciter les notions, ma personne a préféré faire preuve de concision, toujours dans un souci de vérité.»

L'homme est un animal me dit-elle. «Le désir est exprimé par un langage. Les hommes utilisent des mots pour exprimer leur désir et les animaux utilisent des cris. Sauf lorsque des êtres ont des relations sexuelles dans le but d'avoir du plaisir et non dans le but de faire des enfants, ils utilisent des cris car l'homme est considéré alors comme animal.»

Tanguy en prendra de la graine. «Il faut travailler car on ne peut pas vive éternellement au crochet de ces parents. Au moyen ages, un boufon pas drôle par exemple n'avais pas ça place au chateau par temps de famines.»

Remix de Descartes. «Descartes avec le cogito, soit le "je pence donc je suis" nous montre que si je pence être utile je le suis.»

A étudié Boutin plutôt qu'Épicure. «Le désir d'enfant pour une femme est naturel, donner la vie est dans l'ordre des choses, c'est instinctif d'avoir une progéniture. Les femmes qui n'en veulent pas, ou pire qui choississent l'abominable assassinat en avortant, sont donc des êtres pervertis.»

Et pan sur les profs! «La meilleure façon de juger de l'utilité d'un travail se mesure aux résultats. Ainsi je pourrai juger de l'utilité de mes professeurs en fonction des résultats que j'obtiendrai au bacalauréat.»

Et pan sur la correctrice. «Quant à vous correcteur, vous seriez plus utile en aidant mon père à construire une maison qu'à corriger ce devoir...»

Jésus reviens, Jésus reviens. «La preuve que le travail n'est pas utile, c'est que Jésus christ n'a jamais travaillé. Il a voyagé de pays en pays pour répendre l'amour mais n'a jamais travaillé. Or personne n'a été plus utile que lui, personne ne le constestera.»

Sans commentaire. «Certains ne trouvent pas que le travail soit utile, d'ailleurs ils se suicident, comme à France Telecom.»

Du travail pour des mini-moi. «Grâce à son travail, l'individu aura un salaire et pourra ainsi sortir, s'amuser, faire de nouvelles rencontres, trouver l'âme soeur et qui sait, peut être faire apparaître d'autres nouveaux individus issus de lui-même.»

Salauds de chômeurs! «Si le travail rend utile, alors pourquoi tant de gens ne s'en rendent pas compte et préfèrent profiter du système en prenant l'argent des autres sans travailler (je parle ici du chômage)?»

Salauds d'intellos! «Les scientifiques, les artistes et les philosophes sont des hommes dont l'utilité demeurent mentale et pas autrement, et encore pas pour tout le monde.

Fallait oser. «On constate que tous dans la société ne travaillent pas pour être utiles. Certains travaillent aussi pour leur plaisir. Les prostituées par exemple joignent l'utile à l'agréable...»

Des Bleus têtes à clash

 Libération, le 20 juin 2012

Récit La défaite face aux Suédois, mardi, a entraîné une altercation dans le vestiaire tricolore. Laurent Blanc a tenté de déminer avant le quart, samedi.

Par GRÉGORY SCHNEIDER Envoyé spécial à Kiev (Ukraine)

Mardi soir, dans un couloir du Stade olympique de Kiev, trois bons quarts d’heure après la soupe (0-2) tricolore face à la sélection suédoise et la qualification paradoxale pour le quart de samedi devant l’Espagne : l’attaquant Olivier Giroud, les neuf dernières minutes du match au compteur, vient musarder devant la presse. «J’espère au moins que ça nous servira de leçon. L’Espagne, ça sera une autre paire de manches. Il y avait de la colère dans le vestiaire, mais il faut essayer de dire les choses plus calmement, et de manière plus réfléchie.»

L’attitude du très probable futur Gunner interpelle. A l’échelle du vestiaire tricolore, Giroud et ses 8 sélections ne pèsent rien : une aimable curiosité, aussi exotique que son club de Montpellier aux yeux de l’élite mondialisée - Londres, Milan, Munich, Madrid, Manchester - qui fait l’ordinaire du groupe tricolore. A cet instant, l’attaquant se sent pourtant autorisé à porter un jugement de valeur sur ce que racontent des équipiers autrement gradés : un peu étranger, un peu surpris aussi par cette brusque plongée chez les grands fauves.

Furie. L’après-match mouvementé des Français n’a en effet pas exactement concerné des supplétifs : Karim Benzema, Franck Ribéry et Samir Nasri sont dans le coup. Au retour du terrain, le premier arrive dans le vestiaire comme une furie, fustige le manque d’investissement, explique qu’il est dégoûté par ce qu’il a sous les yeux depuis la veille. Ribéry vient au soutien. Au moins un des participants mis en cause se rebiffe, le ton monte.

Ce que l’on sait : Nasri faisait partie des joueurs visés par Benzema et Ribéry. Quelques minutes plus tard, devant les journalistes, l’attaquant madrilène rhabillait son compagnon de la promo 1987 pour longtemps. «On n’a pas été bon, personne : pas de vitesse, pas d’espace. Je ne sais pas pourquoi, mais on est tombé dans un jeu qui n’est pas le nôtre. On a beaucoup trop gardé la balle.» Samir, si tu m’entends… Puis : «On peut battre l’Espagne, mais il faudra avoir tous le même objectif : gagner. Il faudra aussi avoir la rage, partir pour gagner une guerre.» Et re-Samir, victime d’un coup en première période contre les Suédois et qui parut longtemps s’en plaindre tout en continuant à jouer malgré des appuis bizarres.

Que Benzema en ait eu conscience ou non, les implications de ses critiques touchent le staff et le sélectionneur, Laurent Blanc : le blanc-seing du coach à Nasri - équivalent à un blanc-seing au talent, selon le coach - est du même coup remis en cause. La barque de Blanc s’est d’ailleurs chargée depuis quarante-huit heures : la titularisation de Philippe Mexès devant la Suède (et sa suspension afférente contre l’Espagne : le coach aurait pu choisir de le préserver, la qualification pour les quarts étant probable) et celle d’un Hatem Ben Arfa largué ne rentrent assurément pas dans «les choix toujours gagnants du coach» dont parlait samedi le défenseur Gaël Clichy.

«Démons». Blanc n’a eu d’autre alternative, hier, que de monter au tas sur l’histoire du clash de la veille à Kiev. «Ça a toujours existé, c’est souvent ça quand on perd. Oui, c’était chaud. Les joueurs concernés ont eu besoin d’une bonne douche froide pour revenir à température. Ce coup-ci, on n’avait pas les cryovestes [vestes réfrigérantes, ndlr].» Une cartouche pour Benzema et Ribéry : «Une réaction, de l’action, de l’électricité… On en aura aussi besoin contre l’Espagne, mais à bon escient.» Une pour Nasri : «Il me faut des joueurs qui jouent simplement, à l’espagnole. Eux, ils font ça les yeux fermés. Ça s’appelle l’intelligence de jeu, et c’est une qualité de plus en plus rare chez un footballeur. Ce serait plus efficace d’avoir ce genre de joueurs plutôt que ceux qui font des exploits individuels.»
Juste après Blanc, le milieu Florent Malouda, dont l’aptitude à faire passer des messages en finesse est notoire, s’est dévoué pour ripoliner un peu la statue chancelante du joueur de Manchester City. «Nasri ? Sa façon de jouer au foot n’a pas changé du jour au lendemain, et comme tout le monde était content après l’Angleterre… Disons qu’il y a un équilibre à trouver entre les performances personnelles et l’objectif collectif, que cet équilibre est fragile et que lors de matchs comme celui de la Suède, ça bascule vite, tu es immédiatement en danger. Après, en parler, c’est bien. Les corriger, c’est mieux.»
Puis : «La veille de la Suède, le coach a arrêté l’entraînement en plein milieu pour nous expliquer qu’on était nonchalants. On passait par Kiev, il y avait un petit match à disputer en passant… Ce n’est pas ça, la compétition. On n’est pas resté invaincu durant 23 matchs par hasard, on a redonné espoir aux gens. A Kiev, j’ai eu l’impression de retrouver des démons. Je vous parle d’une attitude, de ce que dégage un mec, de ce qu’il apporte à l’équipe. Avec le même état d’esprit que la Suède mardi, on aurait peut-être perdu. Mais personne n’aurait eu le sentiment de lâcher le match.» Mardi, à la veille du deuxième anniversaire de la grève du bus, les Bleus ont fait leur révolution. Ou ils ont seulement essayé. On verra samedi

Nasri et Ménez : bazar, comme c’est bazar

Libération, le 24 juin 2012

Le comportement désinvolte, voire grossier, du milieu de terrain et de l’attaquant tricolores avant et après la défaite face à l’Espagne, samedi, font resurgir les fantômes de Knysna.

Par GRÉGORY SCHNEIDER (à Donetsk)

Samedi soir au cœur de la Donbass Arena de Donetsk, une petite heure après la qualification logique de la Roja espagnole pour les demi-finales de l’Euro au détriment des Bleus (2-0). Rentré en cours de jeu, Samir Nasri passe sans s’arrêter en zone mixte, l’espace dévolu aux échanges entre les joueurs et la presse. Juste avant de monter dans le car, il fait demi-tour, passe sous une barrière et retourne dans le vestiaire.

Il y restera une dizaine de minutes. Pendant ce temps, Alou Diarra, Karim Benzema, Hugo Lloris ou Franck Ribéry investissent l’espace et font face dignement : «On est tombé devant ce qui se fait de mieux en Europe», «les Espagnols sont plus matures que nous dans le jeu, mais bon, il leur a fallu six ans», «on leur a laissé le ballon exprès». Nasri revient, avec l’intention manifeste de ne pas répondre à la moindre question. Un journaliste de l’AFP insiste. Nasri : «Vous cherchez toujours la merde. Vous cherchez des histoires.» Le type : «C’est ça, casse-toi.» Nasri : «Va te faire enculer. Va niquer ta mère, sale fils de pute. Tu veux qu’on s’explique ? Allez, comme ça, vous pourrez continuer à dire que je suis malpoli…» Le type recule et se fond dans la masse.

Nasri s’éloigne : dans le car des Bleus, il répétera à un membre du staff son intention de démolir le gars. L’histoire est terminée. Elle avait commencé bien plus tôt, deux heures avant le coup d’envoi, lors de la reconnaissance du terrain par les joueurs français. Seuls les remplaçants l’ont effectuée samedi. Une bonne moitié d’entre eux donnent alors l’impression de déambuler dans une kermesse battant son plein. Le milieu Blaise Matuidi fait des photos avec sa famille venue le rejoindre au bord de la rambarde, l’attaquant Jérémy Ménez déboule en claquettes et équipement MP3 avant d’aller se prélasser sur un banc de touche…
Cirque. Quand il voit l’ailier Hatem Ben Arfa entreprendre carrément une conversation - elle durera plus d’une demi-heure - avec son agent assis en bas de la tribune, le directeur administratif des Bleus, Marino Faccioli, devient livide. C’est le grand cirque. En rupture de ban avec une partie du groupe depuis mardi (Libération de jeudi), Nasri a une discussion animée avec l’entraîneur adjoint, Alain Boghossian. On apprendra plus tard que le joueur demande alors des explications sur sa non-titularisation, la première dans cet Euro. Quelques minutes après, Boghossian dira à un proche : «C’est la merde.»

Les remplaçants rentrent au vestiaire en ordre dispersé. Ils reviennent pour l’échauffement une heure plus tard, cette fois accompagnée des titulaires. Les trois derniers à rentrer sur le pré : Samir Nasri, Jérémy Ménez et le petit Marvin Martin, qui s’entraîneront - si l’on peut dire - ensemble. Ce que font les deux premiers ne ressemble à rien. Fous rires, pitreries… dont celle-là, que l’on doit au Parisien : il court vers le ballon en mouvement et essaie de se stabiliser à pieds joints sur la sphère tout en effectuant un salut militaire.
Il réitérera cette figure, se tordant même légèrement la cheville une fois. On n’y comprend d’abord rien : une trentaine de caméras braquées, mille fois plus de smartphones susceptibles d’enregistrer la scène… On a pigé d’un coup, quand les deux gars toujours hilares se lancent dans une séance de frappes pleine puissance à 20 mètres de leurs coéquipiers autrement concentrés : pour avoir mal pris leur mise sur le banc, Nasri et Ménez s’offrent alors une petite provocation en mondovision.

«Vaffanculo». Le staff technique ne leur en tiendra pas rigueur : les deux joueurs rentreront à la 64e minute, au plus fort d’un combat alors légèrement dominé par des Bleus limités mais courageux, où Ribéry a une fois de plus tenté d’emmener tout le monde. Nasri patrouilla devant la défense tricolore, s’acquittant correctement de sa mission. Positionné sur l’aile droite, Ménez est en revanche passé à côté ; pas un dribble réussi, un agacement qui lui valut un carton jaune pour un «vaffanculo» lancé à l’arbitre italien et surtout ce geste invraisemblable envers son capitaine, Hugo Lloris, qui lui demandait de suivre son adversaire direct : paume vers le bas et le pouce qui se rabat sur les autres doigts joints, «ferme ta bouche» dans toutes les langues du monde.

En souffrance sur le plan du jeu, les Bleus auront fait énormément d’efforts lors de cet Euro, sur et en dehors du terrain, pour éloigner tant que faire se peut l’ombre du bus de Knysna. Samedi, à Donetsk, Ménez et Nasri auront tout tenté pour les y replonger.

mardi 19 juin 2012

Emmanuel Todd: « Genève est une vraie chance pour la France »

Interview par Andrès Allemand et Olivier Bot, le 15.05.2012 
Invité hier à Genève par une banque privée pour une conférence, Emmanuel Todd, l’anthropologue et historien français spécialiste des liens entre structures familiales et idéologie, a accordé un entretien à la Tribune de Genève.
L'anthropologue et historien français Emmanuel Todd.
L'anthropologue et historien français Emmanuel Todd

Image: Steeve Iuncker-Gomez


Dans « Après la démocratie », vous avez analysé l’élection de Nicolas Sarkozy comme un symptôme des maux de la société française. Que dire de celle de François Hollande, investi hier? Cette élection est très importante. On a dit que c’était un référendum pro ou anti Sarkozy. C’était de fait un référendum sur l’identité nationale avec cette question: Qu’est-ce que la France ? La France est-elle encore celle de l’idéal de 1789 ou se définit-elle aujourd’hui, dans un espace mondialisé, sur des critères ethniques ? A mes yeux, Nicolas Sarkozy qui a fait une campagne à l’extrême droite, dans ce que j’appelle une pédagogie du mal. Il a été le candidat d’une pathologie, d’une déviation de ce qu’est la tradition nationale porteuse d’universalité et d’égalité. François Hollande a fait sourire en se déclarant un président normal. Il était en fait celui de la normalité nationale. Et il a d’ailleurs fait campagne sur ces thèmes. Il y a une illusion dans la démocratie. Les gens pensent qu’ils ont choisi un homme, mais en réalité les Français ont dit ce qu’ils étaient. Un peuple qui vote, dit comment il se juge lui-même. Le résultat a été tangent. Mais les grandes décisions historiques ne se prennent pas à une large majorité.

Pensez-vous que le couple franco-allemand peut rester le pilier de l’Union ? La réconciliation franco-allemande après la guerre, il fallait la faire. Mais, se réconcilier, ce n’est pas décider qu’on est pareil. L’histoire de l’Europe, c’est ça. Au départ, c’est un projet construit sur un modèle franco-compatible, avec des nations à égalité de voix, quelle que soi leur taille ou leur puissance. Avec la mise en hiérarchie des pays membres avec l’Allemagne au sommet, la France en brillant second et les pays latins en queue de liste, on est passé à un modèle plus hiérarchique, à une conception plus allemande, du point de vue des rapports entre structures familiales et idéologies. Mais l’Allemagne n’a pas de véritable aspiration à la domination. Le problème de ce type de société construit sur le modèle autoritaire, c’est que quand il n’y a plus personne au-dessus d’eux, cela peut déraper. Or, l’Allemagne c’est largement émancipée des Etats-Unis. Même Brzezinski pose la question d’une tentation, d’un retour d’une politique bismarckienne de puissance indépendante, avec les accords stratégiques sur l’énergie avec la Russie, par exemple. Il y a des signes qui montrent qu’elle se comporte comme une grande puissance maintenant. Il n’y a pas que les diktats à la Grèce. En revanche, les Japonais, qui ont aussi une structure autoritaire, ne veulent plus être en situation de domination et ont fait le choix d’être le petit frère des Etats-Unis.

Vous faites le constat d’un échec de la monnaie unique. L’Allemagne menace aujourd’hui la Grèce d’une sortie de l’euro. Cela signifie quoi pour vous ?
D’abord, il faut savoir que si l’euro s’effondre, c’est l’Allemagne qui sera le pays le plus touché parce qu’il est le pays le plus exportateur. En 1929, ce sont les Etats-Unis et l’Allemagne qui ont souffert le plus du krach boursier parce que ces deux pays étaient les deux plus grandes puissances industrielles de l’époque. Les Allemands ont parfaitement compris qu’avec un retour aux monnaies nationales, tout le monde va dévaluer autour d’eux pour se protéger des exportations allemandes. Et l’Allemagne retrouve le mark et est étranglée. C’est pour cela que les dirigeants allemands vont toujours plus loin dans la menace qu’ils ne le peuvent. La réalité c’est que les gens qui sont vraiment traumatisés par la disparition de l’euro, ce sont les dirigeants allemands. En revanche, les Grecs et les Français veulent rester dans l’euro pour des raisons plus irrationnelles. Parce qu’il y a un côté magique à la monnaie, parce qu’ils n’y comprennent rien. Ils ne se rendent pas compte que la fin de la monnaie unique leur ferait beaucoup de bien.

Vous dénoncez une sorte de complot de l’oligarchie financière et mondialiste contre la démocratie. Faites vous du Davos du Forum mondial ou de la Genève de l’OMC, des capitales de ce que vous détestez ?
D’abord Davos, ça n’a pas beaucoup d’importance. Quant à Genève, ce n’est pas seulement l’OMC, c’est aussi le siège de l’Organisation internationale du travail et de nombreuses institutions internationales. . L’OMC , ce n’est pas le problème. Si on passe au protectionnisme régionalisé, il faudra juste virer Pascal Lamy. Le problème, c’est le libre-échangisme actuel de l’OMC. Quant à Genève, c’est une grande ville francophone qui a un tel rôle international. Genève est une vraie chance pour la France. Si la France veut se suicider elle n’a qu’à critiquer Genève. Ou Bruxelles. La France doit immensément plus qu’elle ne le croit à ces deux grandes villes francophones qui échappent à l’influence de Paris. Car sans elles, avec son centralisme, la France serait morte depuis longtemps. (TDG)

lundi 18 juin 2012

Ils étaient dix

Candidats aux présidentielles françaises, 2012

UMP : l'échec de la stratégie Buisson ?

Marianne, lundi 18 Juin 2012

Si la stratégie du conseiller de Nicolas Sarkozy a permis à Jean-François Copé ou Lionel Luca de conserver leurs sièges, elle n'a pas empêché la déroute de Claude Guéant, de Nadine Morano, ainsi que de nombreux députés de la droite populaire. Ce scrutin va relancer le débat «identitaire» à droite.

(Patrick Buisson - IBO/SIPA)
(Patrick Buisson - IBO/SIPA)
Ce sera « Le » débat à droite : l’ultradroitisation impulsée par  Patrick Buisson, le conseiller le plus influent de Nicolas Sarkozy et de …Jean François Copé a-t-il permis à la droite, et à l’ancien président de limiter la casse, ou au contraire l’a-t-elle favorisée ? Les résultats du second tour des législatives prêteront eux aussi à interprétations contradictoires, puisque certains élus parmi les plus droitiers, tels Eric Ciotti, Lionel Luca ou Philippe Meunier on été largement réélus, mais on constatera aussi, ou plutôt d’abord, que les députés de la droite dite populaire se sont pris une sévère ratatouille, de même que certaines « grosses légumes », qui comme Claude Guéant ou Nadine Morano avaient été le plus loin dans un partage des valeurs communes avec le FN. Idem avec le député sortant et sorti  de Loire Atlantique Philippe Boennec qui avait sollicité et obtenu le soutien de la candidate frontiste entre les deux tours. L’électorat centriste en a pris ombrage qui a fait largement gagner son adversaire socialiste !

Ce basculement d’une partie du centre à gauche se retrouve dans de nombreux cas où l’élu UMP avait fait la courte échelle sémantique ou pratique à l’extrême droite. Ainsi les députés comme Brigitte Barèges (Tarn et Garonne) ou Jean-Paul Garraud (Gironde) qui avaient été très loin dans la stratégie de la carpette ne s’en sont pas relevés. De même que d’autres élus de la droite populaire comme Jacqueline Irles (Pyrénées), Richard Mallie (Bouches du Rhône) Daniel Mach ( Pyrénées Orientales), Remiller Jacques (Isère) qui ne se sont pas sauvés en dépit de leur droitisation. Sans parler de Christian Vanneste (Nord) membre lui aussi de ce courant qui lui s’est fait expulser dès le premier tour par un jeune UMP, Gérald Darmanin, beaucoup moins caricatural et plus modéré, qui lui l’a emporté au second tour contre un socialiste. On comprend mieux pourquoi Thierry Mariani, principal animateur de cette « droite populaire » a préféré quitter le Vaucluse et se présenter auprès des Français de l’étranger (Russie, Iran, Océanie, Asie etc…) !

Notons enfin les défaites sans appel de ceux qui chacun et chacune à leur manière avaient aussi mis en pratique « la stratégie Buissonière ». A commencer par le jeune Guillaume Peltier qui en dépit de son abattage personnel n’a pu éviter de se faire étriller en une terre modérée (l’Indre et Loire). Mais les défaites de Claude Guéant, qui avait été félicité par Marine Le Pen pour son apport ministériel aux thèses frontistes et de Nadine Morano qui avait dragué sans vergogne les électeurs frontistes en se vautrant allègrement dans les « valeurs communes », tous ces échecs serviront non pas seulement de sujets de réflexion à l’UMP, mais de bases d’affrontement. Car de l’autre côté, l’ont emporté des personnalités comme Xavier Bertrand et Nathalie Kosciusko Morizet qui avaient été mis sur la liste noire par le FN ! Se coucher ou résister, il faudra choisir…
 

dimanche 3 juin 2012

COMPTES RENDUS DE LA COMMISSION D'ENQUETE EVASION DES CAPITAUX


 Malgré sa couverture mal dégrossie -il y aurait tant à dire sur ces livres de gare- le livre d'Antoine Peillon est une "mine", ou selon: la démonstration que 600 milliards d'euros quittent régulièrement le territoire, en toute légalité, ou disons: selon les règles, vers la Suisse et d'autres destinations prestigieuses, qui en ont fait leur commerce. 

  Voir le rapport du sénat:

http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20120416/ce_evasion.html#toc4