jeudi 21 mai 2009

Une démocratie à Athènes ?

Propos de Maurice Sartre (Historien, spécialiste du monde grec et du monde romain oriental)


On idéalise trop la démocratie athénienne en oubliant un peu que cela se passait il y a 2500 ans. Or elle était tout de même fondée sur l’exclusion du plus grand nombre (les étrangers, les femmes, les non-libres). Le pouvoir était monopolisé par un groupe minitoritaire. On oublie aussi qu’elle a fonctionné dans une cité, uniquement dans des petites structures donc… Relisons Thucydide :”Nous ne ne jugeons pas qu’un citoyen qui ne s’occupe pas de politique est un citoyen tranquille mais un citoyen inutile”, une phrase que nous devrions graver au fronton de nos bâtiments à côté de la devise républicaine ! Relisons Aristote, il montre bien qu’il s’agissait avant tout d’une démocratie de la participation. Le citoyen est celui qui participe. Pour les Grecs, l’égalité, c’est l’isonomie, autrement dit le principe de l’égale répartition. Or sous Périclès, la démocratie réserve tous les postes aux plus riches et ce jusqu’à la fin du Vème siècle. Il s’agit pourtant d’une vraie démocratie puisque tout le monde s’exprime. A nos yeux, c’est donc une démocratie inégalitaire…. La démocratie athénienne est celle de la persuasion permanente. Toutes les décisions sont prises collectivement à l’Assemblée populaire. A chaque fois, il faut emporter la conviction… Que manque-t-il aujourd’hui à nos démocraties ? Il manque de trouver les rouages qui feront que chacun pourra peser.

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