dans son costard à paillettes le ciel furibard en pétard s'écroula et se déversa sans vergogne, s'adressant au fumeur accoudé au rebord de la fenêtre abritée sous son grand et solide parapluie : "qu'il fait froid! [un temps] c'est l'hiver!", les caniveaux s'enfiévrèrent, les trottoirs firent courir des ruisseaux impétueux et puissants, des torrents capricieux dévalaient vers les gueules pleines et repues des égouts, ce parapluie noir de Londres est à l'agonie, soulevé et retourné, les minces tiges de sa crinoline, de l'armature métallique, se courbent, glissent, s'échappent, se tordent et se cassent, s'effondre, ce parapluie meurt à petit feu, "AU FEU LES PRISONS!" écrit en lettres capitales noires sur le mur blanc de l'ancien garage faisant face à la bibliothèque Neptune dont les vastes locaux sont, maintenant, à louer, nul ne patientait sous l'ondée formidable, c'est à cette heure que le long du cinéma Liberté le pied se presse, les talons résonnent, le pas s'allonge, les cuisses forcent, le buste se courbe, les bras scandent une marche rythmée et forcée, ce sont des automates pressés et tendus et nerveux à l'idée d'être en retard, de manquer le début du film, d'être freinés dans une file d'attente, en groupe, seul ou alors en couple main dans la main, bras dessus bras dessous, même foulée et cadence semblable, ils sont portés par un même élan (l'amour? l'envie de faire pipi?), d'aucuns fument devant la série des lourdes portes vitrées, au-dessous des petites affiches des films et des horaires des séances, avant de s'y engouffrer happés par le puissant courant d'air chaud, sous l'ondée chacun se pressait et, le haut du corps abrité sous un parapluie, la tête sous un chapeau ou une capuche, râlait et se plaignait, des crises économique, alimentaire, financière et monétaire, industrielle, environnementale, immobilière, sanitaire, la bruine, frisquette, s'éparpillait, passagère et matinale, la ville demeura invisible de la route, de la perspective à travers champs qui s'y ouvre, qu'empruntait l'autobus, perdue, emmitouflée sous le ciel bas brumeux, le soleil et le bleu réapparurent enfin, un léger vent se faisait sentir, le chat roux passa le portail, s'en allant vers l'arrière de la maison puis, soudain, comme inquiet, d'une allure pressée, vivement revint au plus court et franchit la barrière pour disparaître,
mercredi 3 décembre 2008
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