Comme il est connu sur le 11 septembre circulent de nombreuses théories du complot. Il y a celles extrêmes (qui se trouvent sur les sites fondamentalistes arabes ou néo nazis), pour lesquelles le complot aurait été organisé par les juifs et tous les juifs qui travaillaient aux deux tours auraient été avertis le jour précédent de ne pas se présenter au travail -pourtant il est connu qu'environ 400 citoyens israéliens ou juifs américains étaient parmi les victimes; il y a les théories anti-Bush, pour lesquelles l'attentat aurait été organisé pour pouvoir ensuite envahir l'Afghanistan et l'Iraq; il y a celles qui attribuent le fait à plusieurs services secrets américains plus ou moins tordus(1); il y a la théorie que le complot était arabe fondamentaliste, mais le gouvernement américain en connaissait d'avance les détails, sauf qu'il a laissé les choses aller(2) dans leur sens pour avoir ensuite le prétexte pour attaquer l'Afghanistan et l'Iraq (un peu comme il a été dit de Roosevelt, qui fut dans la confidence de l'attaque imminente sur Pearl Harbor mais ne fit rien pour mettre à l'abri sa flotte parce qu'il avait besoin d'un prétexte pour débuter la guerre contre le Japon) ; et il y a enfin la théorie par laquelle l'attaque a été dû certainement aux fondamentalistes de Ben Laden, mais les diverses autorités préposées à la défense du territoire étatsunien ont réagi mal et en retard amenant la preuve d'une incompétence horrible(3). Dans tous ces cas les partisans d'au moins un entre ces complots(4) retiennent que la reconstruction officielle des faits est fausse, malhonnête et puérile.
Qui veut avoir une idée en ce qui concerne ces différentes théories du complot peut lire le livre de Giulietto Chiesa et Roberto Vignoli, "Zero. Perché la versione ufficiale sull'11/9 è un falso", edizioni Piemme, où apparaissent quelques noms de collaborateurs de tout respect comme Franco Cardini, Gianni Vattimo, Gore Vidal, Lidia Ravera, plus de nombreux étrangers.
Mais qui voudrait écouter la campagne contraire remercie les edizioni Piemme parce que, avec une admirable impartialité (et donnant la preuve de savoir conquérir deux secteurs opposés du marché) ils ont publié un livre contre les théories du complot, "11/9. La cospirazione impossibile", par Massimo Polidoro, avec des collaborateurs aussi respectables que Piergiorgo Odifreddi ou James Randi. Le fait que j'y apparaisse moi aussi ne va ni à mon infamie ni à mon éloge car l'éditeur m'a simplement demandé de republier en ce lieu une Bustina qui n'était pas tant sur le 11 septembre que sur l'éternel syndrome du complot. Pourtant, si comme j'estime que notre monde est né par hasard, je n'ai pas de difficulté à estimer que par hasard ou par un concours de différentes stupidités se passèrent(5) la majeure partie des évènements qui l'ont tourmenté au cours des millénaires, de la guerre de Troie à nos jours, et par conséquent je suis par nature, par scepticisme, par prudence, toujours enclin à douter de n'importe quel complot, car j'estime que mes semblables seraient trop bêtes pour en concevoir un à la perfection. cela même si -pour des raisons certainement amorales, mais par impulsion incoercible- je serais enclin à estimer Bush et son administration capable de tout.
Je n'entre pas (aussi pour des raisons de place) dans les détails des arguments utilisés par les partisans des deux thèses qui peuvent paraître toutes persuasives, mais je m'en remets seulement à celle que je définirais la "preuve du silence". Un exemple de preuve du silence est utilisé par exemple contre celui qui insinuerait que le débarquement(6) américain sur la Lune aurait été un faux télévisé. Si la navette américaine ne fut pas arrivée sur la Lune il y avait quelqu'un qui était en mesure de le contrôler et avait intérêt à le dire, et c'étaient les soviétiques; si partant les soviétiques sont restés silencieux, voilà la preuve que sur la Lune les américains y sont allés pour de vrai. Point final.
En ce qui concerne les complots et les secrets l'expérience (aussi historique) nous dit que : 1 Si il y a un secret, même s'il fut connu d'une seule personne, peut-être au lit avec l'amant, avant ou après elle le révèlera (seul les franc-maçons ingénus et les adeptes de quelque rite templier faux(7) croient qu'il y a un secret qui demeure inviolé) ; 2. Si il y a un secret il y aura toujours une somme adéquate en échange de laquelle quelqu'un sera prêt a le révéler (il suffit de quelque centaine de millier de livres sterling en droit d'auteur pour convaincre un officiel de l'exercice anglais à raconter tout ce qu'il avait fait au lit avec la princesse Diana, et s'il l'avait fait avec sa belle-mère il aurait suffit de doubler la somme et un gentilhomme de cette espèce l'aurait également raconté.Maintenant pour organiser un faux attentat aux deux tours (pour les miner, pour aviser les forces aériennes de ne pas intervenir, pour cacher les preuves embarrassantes et ainsi de suite) il serait nécéssaire la collaboration si non de milliers de personne au moins de centaines de personne. Les personnes utilisées pour ces entreprises ne sont jamais habituellement des gentilhommes et il est impossible que au moins un de ceux-là n'ait pas parlé pour une somme adéquate. En somme, dans cette histoire il manque la gorge profonde.
Notes
1 deviati de deviare, dévier
2 che le cose andassero
3 spaventosa terrible, épouvantable, horrible
4 i sostenitori di almeno uno tra questi complotti
5 avvenirsi se passer
6 lo sbarco
7 qualche rito templare fasullo
Le texte original est paru dans L'espresso du premier novembre 2007. L'auteur est Umberto Eco et sa chronique bi-mensuelle se nomme La Bustina di Minerva. Nous n'avons pas souhaité traduire les titres des deux livres cités par Eco.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire