Train Station, L. Vorel |
Le passager de "troisième classe"
existe, quoi qu'on en dise. Il est là près de la porte, assis sur un
strapontin, jeune, porte un survêtement et une casquette, est accompagné d'un chien. Il a
mis le son de la musique de son téléphone cellulaire au maximum de façon
à se faire entendre de tous, à défaut d'être autrement respecté peut-être. Sans
doute est-ce une manière de dire ce qu'il pense, de marquer son
territoire entre les portes coulissantes des deux rames et les
toilettes? Certains se sont-ils rendus compte que ces rejetés, tant redoutés, du dernier rang n'ont
jamais tenté l'aventure au-delà des sièges de seconde classe? C'est le malheur de ce peuple qui s'ignore.
Il y a, avec lui, tous les autres: amoureux, désespérés,
voyageurs et bagnards en fuite, qui portent sur eux tristesse et joie
comme ce fantôme sur la jetée, planté sur le départ. Et tout cela se
mélange comme le paysage d'un tableau qui poserait en principe la
question du hasard et son destin.
Mais tout
cela n'est-il pas déterminé? Tant de choses sont dites dans ces trains, sur ce pays
que l'on traverse de part en part. Bien que le train joue sa mécanique, d'une mathématique des hasards, il se déploie et rejoue ce qui se joue sur le plancher des vaches. La partition se défait comme elle
s'est jouée ailleurs ou auparavant: territorialisations et déterritorialisations des horizons. Le train passe.
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