L'Humanité, 20.07.2012.
Règle d’or imposée, souveraineté budgétaire reniée, sanctions renforcées… le menu du pacte budgétaire est gratiné. Décryptage.
Négocié par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, le traité sur la
stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) n’a pas bougé d’une
ligne. Il sanctifie la règle d’or, soumet les États à l’austérité et
renforce les sanctions.
Règle d’or «contraignante»
«La situation budgétaire (…) d’une partie contractante est en
équilibre ou en excédent (…) avec une limite inférieure de déficit
structurel de 0,5 % du produit intérieur brut […] Les règles énoncées
prennent effet dans le droit national (…) au moyen de dispositions
contraignantes et permanentes, de préférence constitutionnelles»
(article 3).
La règle d’or est inscrite en toutes lettres avec un déficit maximal
de 0,5% du PIB (3% jusqu’à présent). En France, il s’élève aujourd’hui à
4,5 % du PIB. Pour atteindre les 3%, 30 milliards d’euros doivent être
trouvés. L’obligation est également faite aux États de réduire leur
dette à un rythme imposé si elle excède 60% du PIB. Ces mesures doivent
être traduites dans le droit national. L’inscription dans la
Constitution n’est certes pas obligatoire mais, en tout état de cause,
l’État doit s’engager à cette hauteur.
Souverainetés bafouées
«Un mécanisme de correction est déclenché automatiquement si des
écarts importants sont constatés par rapport à l’objectif (…). Ce
mécanisme comporte l’obligation (…) de mettre en œuvre des mesures
visant à corriger ces écarts. (…) Le calendrier de cette convergence
(vers l’objectif de déficit fixé à chaque État) sera proposé par la
Commission européenne» (article3). « La présentation (des réformes
proposées par les États) pour approbation au Conseil de l’Union
européenne et à la Commission européenne ainsi que leur suivi auront
lieu dans le cadre des procédures de surveillance existantes»
(article 5).
C’est un véritable système de contrôle des politiques budgétaires des
États. L’automaticité des mesures coercitives permet d’éviter tout
débat. Non seulement Bruxelles décide du calendrier et des mesures,
forcément libérales, imposées aux États, mais assure aussi le service
après-vente. En outre, l’article 7 engage les États à soutenir les
recommandations de la Commission sauf si «une majorité qualifiée» est
opposée à la décision.
Austérité
sous peine
de sanctions
«Si (…) la partie contractante n’a pas respecté l’article 3 (déficit à
0,5% du PIB), la Cour de justice de l’Union européenne sera saisie (…).
Lorsque (…) une partie contractante considère qu’une autre n’a pas pris
les mesures nécessaires (…), elle peut demander que des sanctions
financières soient infligées» (article8).
La Commission européenne ou l’un des États peut, en cas de
non-respect des objectifs, saisir la Cour de justice et demander des
sanctions, « une somme forfaitaire ou une astreinte adaptée aux
circonstances et ne dépassant pas 0,1%» du PIB. Un verrou
supplémentaire.
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