06.07.2012 | Tim Martin | The Daily Telegraph
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Aujourd'hui, les superhéros sont partout. Le dernier film de Joss Whedon, The Avengers
[sorti en France le 25 avril], a rapporté plus de 1 milliard d'euros en
seulement deux mois d'exploitation, ce qui en fait le troisième plus
gros succès commercial de l'histoire du cinéma. The Dark Knight Rises, ultime volet de la trilogie de Christopher Nolan, est également très attendu [le 25 juillet], après la sortie de The Amazing Spider-Man
[le 4 juillet]. Cela fait à peine cinq ans que Sam Raimi a achevé sa
propre trilogie de Spider-Man. Moins de dix ans séparent le dernier – et
pitoyable – Batman de Joel Schumacher de la ténébreuse
réinterprétation de Christopher Nolan, entamée en 2005. Le malheureux
Hulk, lui, est passé par deux médiocres adaptations, en 2003 et en 2008,
avant de reprendre pied avec The Avengers. Tous ces archétypes en collants ont-ils encore quelque chose à voir avec ce que nous sommes aujourd'hui ?
Dans les années 1970, Umberto Eco affirmait que les superpouvoirs de ces héros contemporains représentaient la conscience de l'impuissance humaine dans l'ère industrielle. Au début des années 1960, l'émergence d'une culture jeune a accompagné une remise en cause de l'ordre établi, dont "l'âge d'argent" des comics s'est fait le reflet, avec des histoires centrées sur le personnage principal. En 1962, Stan Lee crée le personnage de Peter Parker, premier superhéros adolescent. Ce n'est pas un hasard si Spider-Man est le héros qui a le moins changé parmi ses confrères costumés. Dès sa conception, Spider-Man est un personnage à la fois crâne et peu sûr de lui. En dehors de l'araignée radioactive, la plupart des problèmes qu'il rencontre – de la mort de son oncle à celle de sa petite amie – sont le résultat de sa propre impulsivité, de son arrogance ou de sa maladresse. "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", cette célèbre leçon qu'apprend Peter Parker en n'arrêtant pas le meurtrier de son oncle, a été le message phare du superhéros pendant des années.
Au milieu des années 1990, l'âge de l'information commence à changer les choses. Le personnage de Batman, interprété par Val Kilmer et George Clooney dans les deux films de Joel Schumacher, a quelque chose de crépusculaire et tente désespérément de masquer à coup de glamour aseptisé et de costumes hallucinants le vide idéologique qui s'ouvre devant lui. Les superhéros nous avaient toujours parlé du pouvoir et de son usage raisonné, mais les technologies de l'information étaient en train d'abattre les limites de l'expérience humaine et les superhéros allaient devoir s'adapter.
Quand les superhéros sont revenus en force après les attentats du 11 septembre 2001, leur retour a eu d'étranges répercussions dans la vie réelle. Divers "justiciers masqués", plus ou moins ridicules, faisant leur apparition dans les rues des villes. Leurs exploits furent relayés dans les médias et finirent par inspirer le film satirique Kick Ass. Et, dans la vie de tous les jours, les pouvoirs des humains n'ont cessé d'augmenter. Si je n'ai pas un regard-laser capable de faire fondre la glace en un clin d'œil, avec Google, Microsoft et Apple je suis néanmoins capable de voir votre maison de l'autre côté de la planète, de trouver en quelques secondes des informations sur l'histoire de l'humanité ou de traduire des phrases dans les langues les plus utilisées. Dans le milieu de la bioéthique, le débat porte désormais sur l'expansion des moyens cognitifs par l'utilisation de médicaments intelligents, d'interfaces cerveau-machine ou de procédures comme l'inquiétante stimulation transcrânienne à courant continu (STCC) [électrochocs utilisés pour traiter la dépression]. Les progrès techniques (images satellite, robots de guerre et attaques cybernétiques) permettent aux soldats d'identifier et d'attaquer des cibles à distance, parfois même de l'autre côté du globe. Pendant ce temps, les membres du collectif Anonymous ont adopté le masque de Guy Fawkes, symbole de l'anarchie, dans la troublante adaptation cinématographique [en 2006] des frères Wachowsky du roman graphique d'Alan Moore : V for Vendetta [V pour Vendetta].
Les superhéros d'aujourd'hui sont ceux qui ont su s'adapter à ces nouvelles règles. Iron Man
Dans les années 1970, Umberto Eco affirmait que les superpouvoirs de ces héros contemporains représentaient la conscience de l'impuissance humaine dans l'ère industrielle. Au début des années 1960, l'émergence d'une culture jeune a accompagné une remise en cause de l'ordre établi, dont "l'âge d'argent" des comics s'est fait le reflet, avec des histoires centrées sur le personnage principal. En 1962, Stan Lee crée le personnage de Peter Parker, premier superhéros adolescent. Ce n'est pas un hasard si Spider-Man est le héros qui a le moins changé parmi ses confrères costumés. Dès sa conception, Spider-Man est un personnage à la fois crâne et peu sûr de lui. En dehors de l'araignée radioactive, la plupart des problèmes qu'il rencontre – de la mort de son oncle à celle de sa petite amie – sont le résultat de sa propre impulsivité, de son arrogance ou de sa maladresse. "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", cette célèbre leçon qu'apprend Peter Parker en n'arrêtant pas le meurtrier de son oncle, a été le message phare du superhéros pendant des années.
Au milieu des années 1990, l'âge de l'information commence à changer les choses. Le personnage de Batman, interprété par Val Kilmer et George Clooney dans les deux films de Joel Schumacher, a quelque chose de crépusculaire et tente désespérément de masquer à coup de glamour aseptisé et de costumes hallucinants le vide idéologique qui s'ouvre devant lui. Les superhéros nous avaient toujours parlé du pouvoir et de son usage raisonné, mais les technologies de l'information étaient en train d'abattre les limites de l'expérience humaine et les superhéros allaient devoir s'adapter.
Quand les superhéros sont revenus en force après les attentats du 11 septembre 2001, leur retour a eu d'étranges répercussions dans la vie réelle. Divers "justiciers masqués", plus ou moins ridicules, faisant leur apparition dans les rues des villes. Leurs exploits furent relayés dans les médias et finirent par inspirer le film satirique Kick Ass. Et, dans la vie de tous les jours, les pouvoirs des humains n'ont cessé d'augmenter. Si je n'ai pas un regard-laser capable de faire fondre la glace en un clin d'œil, avec Google, Microsoft et Apple je suis néanmoins capable de voir votre maison de l'autre côté de la planète, de trouver en quelques secondes des informations sur l'histoire de l'humanité ou de traduire des phrases dans les langues les plus utilisées. Dans le milieu de la bioéthique, le débat porte désormais sur l'expansion des moyens cognitifs par l'utilisation de médicaments intelligents, d'interfaces cerveau-machine ou de procédures comme l'inquiétante stimulation transcrânienne à courant continu (STCC) [électrochocs utilisés pour traiter la dépression]. Les progrès techniques (images satellite, robots de guerre et attaques cybernétiques) permettent aux soldats d'identifier et d'attaquer des cibles à distance, parfois même de l'autre côté du globe. Pendant ce temps, les membres du collectif Anonymous ont adopté le masque de Guy Fawkes, symbole de l'anarchie, dans la troublante adaptation cinématographique [en 2006] des frères Wachowsky du roman graphique d'Alan Moore : V for Vendetta [V pour Vendetta].
Les superhéros d'aujourd'hui sont ceux qui ont su s'adapter à ces nouvelles règles. Iron Man
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