dimanche 15 juillet 2012

Feux du 14 Juillet

Le "Château" brûlait: bambous, plumeaux, arbustes, herbes sèches, canisses, les restes de voitures dont les carcasses trônaient là depuis des années. Le désespoir béant de cette terre en friche qui marquait le passage entre les hauteurs abandonnées de l'Estaque et la "Gare". Les gens d'en haut regardaient l'oeuvre des fusées qu'ils avaient lancés plus tôt. Nous étions quelques uns en bas, ceux du voisinage qui n'avaient pas daigné descendre sur le port pour assister au spectacle annuel, hypnotisés d'un même feu, par ses grandes flammes qui charriaient dans le vent, léchant le flanc de la colline. Ce feu, c'était celui du 14 juillet. C'était le feu d'une révolte maladroite, de jeunes miséreux s'en prenant à l'abandon, au cours des arbres et d'une nature improbable. De l'autre côté, parmi ceux qui se joignirent à notre groupe de spectateurs, on entendit monter les relents nauséabonds d'une autre colère et d'une même misère: le cri de l'indignation, l'appel à la vengeance des "électeurs frontistes" en quête d'un bouc émissaire.

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