Chroniques vénézuéliennes, par Jean Ortiz. A
deux mois des élections présidentielles, état des lieux du
Venezuela treize années après l'arrivée au pouvoir de Hugo Chavez.
Aujourd'hui : "Au bout de la piste, la Révolution".
Après un trajet de cahots poussiéreux sur une mauvaise piste, nous arrivons à la ferme La Guayana, dans le municipio Ezequiel Zamora, chez un petit producteur aidé par la Federation bolivarienne des éleveurs et agriculteurs du Venezuela (FEGAVEN). Il y a quelques années, un grand propriétaire possédait ici 9000 hectares. La révolution lui en a confisqué 4000, pour les redistribuer aux paysans. Dans les endroits les plus reculés, cohabitent les vieilles masures paysannes avec les maisonnettes en dur, "chavistes", et construites récemment par le gouvernement, nous disent fièrement les "llaneros".
La Révolution avance, mais la structure de la propriété agricole reste encore majoritairement latifundiaire. Selon les paysans du PSUV qui nous accueillent, Melqui Mesa, Orlando Mora, Antonio Campos, Anibal Pava, "la lutte est dure, tendue; elle sera longue, mais on ne reviendra pas en arrière". Ils nous offrent du fromage frais de buffle, un bétail jadis réservé aux grands propriétaires, et que le gouvernement bolivarien introduit aujourd'hui massivement (4 millions de têtes). Avec 4 litres de lait de buffle, on fabrique 1 kilo de fromage. Chaque petit producteur bénéficie d'une grande facilite pour accéder a des crédits, dans des conditions particulièrement favorables.
Nouvelle piste jusqu'a la ferme El Triangulo. Mêmes constats. La
Révolution a commencé à changer la vie des petits et moyens paysans.
L'agriculture, longtemps laissée a l'abandon, ne représente encore que
10% du PIB.
Depuis 2 ans, le programme dénommé "Agropatria" a remplacé la multinationale espagnole "AgroIsleña", nationalisée, qui fournissait semences et produits chimiques aux paysans en échange de 60% de la récolte. Aujourd'hui, c'est l’État qui a pris le relais, a des prix désormais "solidaires". Dans les endroits isolés, la plupart des familles ont l'eau et l'électricité.
Depuis 2 ans, le programme dénommé "Agropatria" a remplacé la multinationale espagnole "AgroIsleña", nationalisée, qui fournissait semences et produits chimiques aux paysans en échange de 60% de la récolte. Aujourd'hui, c'est l’État qui a pris le relais, a des prix désormais "solidaires". Dans les endroits isolés, la plupart des familles ont l'eau et l'électricité.
Ici, exotisme assuré: oiseaux de toutes les couleurs, fruits
étranges, et la musique "llanera", a base de harpe et de "cuatro"
(guitare a quatre cordes), qui pleurniche l'amour. De retour au village,
des militants peignent sur un mur: "Chavez, candidat de la patrie".
Nous achetons le journal La Nacion.
Titre énorme: "7 morts par des tueurs a gages dans l’État du Tachira".
La droite joue avec l'insécurité, l'instrumentalise jusqu’à plus soif
politique. Elle en fait son programme, sa stratégie principale. Nous
pouffons de rire en apprenant par ce même journal que le candidat
Capriles (il appartient au parti le plus à droite de la coalition MUD,
"Primero Justicia" -La justice d'abord-, avec les "sociaux démocrates"
d'Action démocratique, des restes du parti démocrate chrétien COPEI,
tous les vieux politicards de la IVe République et de son bipartisme)
descendrait, selon un généalogiste, de la famille de Simon Bolivar. Il a
du subir plusieurs mutations génétiques... Le 24 juillet 1783 naissait
Simon Bolivar. Bon anniversaire, Camarade Libertador!
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