vendredi 11 mai 2012

Force de l'astérisque

[...] Oui, le vent tourne en Europe, et du coup, le pari européen de François Hollande ne semble plus aussi désespéré. A condition de ne pas tomber dans le travers symétrique à celui de l’Allemagne : s’imaginer qu’on puisse libérer la croissance en laissant filer à l’infini les déficits. La croissance plus la rigueur, voilà le défi.*

*A condition, aussi, que les Grecs n’emportent pas l’ensemble de l’édifice (européen) dans leur chute. Que toute économie soit politique, l’homme malade de l’Europe vient encore d’en administrer la preuve. Au moment où, autres cieux, autres mœurs, les Français se choisissaient un nouveau président, les Grecs se rendaient aux urnes pour rendre leur pays encore plus ingouvernable. (Avec, en prime, l’entrée au parlement d’un parti franchement nazi). En vertu d’une loi électorale baroque, les chefs des principales formations d’une assemblée éclatée, dominée par les démagogues de droite et de gauche, vont se relayer tous les trois jours pour tenter de trouver une improbable majorité. Désastreuse conjonction d’une politique européenne incapable d’offrir d’autre horizon sinon une souffrance sans fin et sans objet, et de l’irresponsabilité chronique d’un pays dépourvu d’une économie réelle, d’une classe politique décente et d’un esprit public digne de ce nom.  

Elie Barnavi - Historien. Marianne2. le, 11.05.2012

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