"[...] Je fais quelques pas, dans la rue de Crimée, et je me trouve entouré d’hommes vêtus de noir. Ils portent des costumes très en vogue entre Cracovie et Lemberg et, peut-être en Crimée, vers 1850. […] J’allume une cigarette, je sais, ce n’est pas bien, mais dehors, tout de même… Je suis percé de regards réprobateurs. Sous un galurin noir, au milieu d’une barbe, une bouche émet des sons articulés qui semblent m’être destinés. – Tu es juif ? Pourquoi cette question, et quel est cet homme, qui me donne du tu, alors que je ne le connais ni d’Eve ni d’Adam, ni d’ailleurs d’Abraham et de Sarah. […] Nous échangeons quelques mots. Oui, mon pote, Juif si tu veux, mais d’abord Parigot, tète de veau, titi des barrières, broche de la Bastoche, je suis dans la rue, je clope et je t’emmerde. Il me répond que c’est shabbat. Je le sais, je fais ce que je veux. [.. ] Il me balance la Shoah à la figure. […] Il ne craint pourtant pas de nous irriter, Machin roi de l’univers et moi-même, en invoquant la Shoah pour m’interdire de fumer le samedi [...]"
(Konopnicki, G. 2009, La banalisation du bien)
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