mardi 10 novembre 2009

Extase

"Eh bien, ma pensée, c’est qu’il y a deux lumières. Celle-ci, dans l’abîme nocturne, pour ceux qui savent se glisser dans un au-delà du langage : une blancheur d’aurore boréale d’abord, puis peut-être un éblouissement, la mort un instant visible. Mais comment ne pas voir et aimer cette autre, ici où nous sommes, lumière des matins et du soir ? Parfois rien qu’un rayon entre des nuages, parfois ces belles longues journées d’été où le soleil couchant semble apporter quelque paix malgré des raisons d’inquiétude. Il n’y a pas de  "galère d’or" à disparaître sous l’horizon, mais la plage est belle, d’où on regarde le ciel, ou bien c’est Baudelaire qui est venu au balcon avec sa "chère indolente", et ils se disent "d’impérissables choses" qu’ils savent bien pourtant n’être que des riens, la simple écume entre vague et sable d’un moment heureux qui prend fin."

(Bonnefoy, Y. 2009, Deux scènes et notes conjointes)

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