dimanche 26 avril 2009

Taxi Gilan

Il faisait nuit et nous traversions la ville éclairée, le vieux port et les docks, la passerelle au-dessus des quais et des bateaux en partance vers la Tunisie et l'Algérie, les quartiers de Saint-Louis et Saint-Antoine. Marseille, avait-il dit, jamais je n'aurais pu croire qu'un jour je verrais Marseille et Barcelone et la Méditerranée... Il me faisait quelquefois l'effet d'un illuminé, quand il scandait mon nom et celui de la ville. Nous communiquions difficilement, sans la certitude d'être compris, comme par accident et pourtant je peux dire que c'était mon ami. Plus qu'entre tous, parmi ces quartiers bien connus et visages familiers. Je ne pus même pas lui expliquer que j'avais vécu ici. Il s'élevait entre nous cette musique et le chant de Sharham Nazeri qu'il reprenait avec les choeurs de l'orchestre l'accompagnant: "Sheyda Shodam". Ce qu'il eut crié, à travers les vitres de la voiture, à l'attention des quelques passants pour dire qu'il était heureux et que la beauté existait, qu'il était ici et que demain serait un autre jour. Et moi, sans comprendre un mot, je contemplais le quartier et la chaussée humide, à côté de cet agité, tout en songeant que je ne savais rien au-delà de ce bitume et cet ordinaire et que j'avais tout à apprendre de lui.

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