En ces temps de raison gagnés à la passivité et à la culpabilité, je voudrais écrire quelques mots pour les fumeurs. Rappeler à côté de la pensée, de l'écriture, du travail et de l'ennui, des angoisses, des nuits blanches, la présence lumineuse et discrète d'une âme fidèle. Rappeler le portrait et la pose de nos anciens faisant de la poésie une réalité soudaine et furtive. Le clope au bec, fumant dans l'attente, un amour fidèle aux lèvres, méditant sur des volutes grises et blanches. Des mots, même pour l'idiot. Du temps suspendu, la sublime métaphore: "toute une vie partant enfumée". Quelques minutes de plus. Le dernier souffle du condamné. Nombres de portraits et de voix, envolés! "Le Malraux" à la cigarette ou l'improbable Cendrars, la pipe de Margritte ou la gauloise de Prévert. La pause des ouvriers à la manufacture. Du chêne de Brassens aux cigares de Freud et nuances de Lacan, exprimant-là comme un différend. Des Craven de Ferré aux Lucky Strike d'Humphrey Bogart. Le râle de Gilles Deleuze, la voix métallique et rauque de Jean-Paul Sartre ou nuiteuse de Masha. Le timbre d'un habillement aux abords du silence. L'émancipation de Colette symbolisée par la cigarette. Les témoins d'une Muse à la fois légère et profonde. Je salue tout ceux-là, au nom de l'intranquilité.
dimanche 12 avril 2009
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