lundi 16 mars 2009

Un entretien entre Pierre Assouline et Claude Lanzmann

Lors d'une émission diffusée sur La Chaine Parlementaire française, au cours d'un de ces volets filmé dans le cadre somptueux de la "Bibliothèque Médicis", on eut l'occasion d'assister à la rencontre de Pierre Assouline et Claude Lanzmann qui faisaient chacun la promotion de leurs livres respectifs. La présence de l'écrivain, journaliste, ancien animateur de radio, coutumier de la question, de cet art oratoire, et qui par ce grain singulier de la voix illuminait les matinées de France-Culture, remplit ici toutes les attentes en s'imposant brièvement devant le vieil Elkabach qui ne tient plus le change. Ce court dialogue survenu durant l'émission nous offrit l'un de ces grands moments inattendus, que la télé propose parfois, mettant en scène deux protagonistes de générations différentes portant un regard différent sur une même époque, qui tient sans doute aussi à une différence de langage. Nous avions d'un côté le regard froid et rude de Claude Lanzmann opposé au regard romantique et interrogatif de Pierre Assouline.
Le journaliste se tournant vers Claude Lanzmann :
"_ Je profite de votre présence pour revenir avec vous sur deux éléments biographiques qui m'ont interpellé. A la fin de la guerre, vous êtes allés étudier en Allemagne en compagnie de Michel Tournier qui a déjà évoqué cet épisode et Gilles Deleuze...
_ Oui, c'était à Tübingen.
_ Est-ce qu'à l'époque ce voyage n'avait pas une signification politique ?
_ Non, nous avons suivi Michel Tournier, moi d'abord et ensuite Gilles Deleuze, qui est resté moins longtemps que nous. Il faut savoir que Michel Tournier considérait l'Allemagne comme la patrie de la philosophie. C'est dans cet esprit que nous sommes allés là-bas.
_ C'est étonnant... Enfin, le deuxième point que j'aurais aimé abordé avec vous concerne la réalisation de votre film Shoah.
_ Oui.
_ Je me suis laissé dire que vous aviez tenu à rétribuer chacun des témoins intervenant dans votre film... Pourquoi avez-vous fait cela ?
_ Tout simplement parce que les gars aimaient l'argent. C'était un moyen d'obtenir leur témoignage...

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