mardi 27 janvier 2009

Au nom de Goya


Le Colosse Francisco Goya 1808-1812, Madrid.
Selon un comité d'experts Goya n'est pas le père du "Colosse". Ce serait l'oeuvre de son disciple Asensio Julia. Depuis son entrée au Prado en 1931 ce dernier avait toujours été considéré comme un chef-d’œuvre du peintre espagnol et une peinture emblématique de l’histoire d’Espagne. Celle-ci mettant en scène Napoléon, Ferdinand VII, Godoy ou peut être la guerre elle-même puisque le géant entraîne la fuite et la misère du peuple espagnol. A ce titre il devint un symbole de la guerre d’indépendance. Il faut dire que le débat portant sur la "paternité" de ce tableau date de quelques années puisqu'en 1993 le tableau du colosse avait déjà été mis à l'écart d'une exposition « Goya y los años de guerra » consacrée au maître. Signature mise à part, le rejet de cette œuvre du catalogue de Goya se fonde essentiellement sur des questions stylistiques et sur "des maladresses de facture". Le Colosse montre apparemment de nombreux changements dans le cours de l’exécution, tant dans la composition que dans le traitement des différents éléments. L'élève n'aura pas dépassé le maître. D'après les experts, on note que les bras et ses cuisses du Colosse sont "maigrichons, mal proportionnés par rapport à l’énorme dos, traité de manière assez lâche, où l’on ne retrouve rien de la superbe musculature inspirée du Torse du Belvédère qui caractérise le Géant assis". Le paysage n'est pas en reste: "montagneux, sans caractère particulier, uniformément sombre est bien éloigné des montagnes vigoureuses, baignées de lumière froide, des cartons de tapisserie, des horizons des portraits ou même de la coupole de San Antonio de la Florida". On reconnait là l'élève! Goya a démontré tant de talents, de finesse, d'habiletés, de subtilité dans le choix et l'harmonie de ses couleurs et (de ses pinceaux?) que cette basse oeuvre grossière ne peut lui être finalement attribuée. Le tableau, au nombre de ces critiques, de ces traits identifiables semble ainsi "déclassé". C'est un fait qui illustre assez bien la légéreté et la frivolité des critiques d'art devant l'Oeuvre et le Nom qui l'accompagne.

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