vendredi 12 septembre 2008

Exposition Van Gogh/Monticcelli à Marseille

Les médias marseillais ne souffriraient-ils pas d'un complexe d'ordre culturel? 
Cet aspect semble manifeste aux vues de l'affaire "Van Gogh" soulevée ces derniers jours sur la canebière, depuis la double exposition des oeuvres de Monticelli et de Vincent Van Gogh au Centre de la Vieille Charité à Marseille. Certains journalistes ont découvert que Van Gogh s'était inspiré de l'oeuvre du peintre Monticelli, "Marseillais" de surcroit, au cours de ses premières années d'études. De là à soupçonner l'humble Vincent, exilé dans le sud de la France,  de copiage et à rétablir ainsi la vérité: la place triomphante de la cité phocéenne au coeur de l'histoire moderne! On reconnaît ainsi le dessein politique du chauvinisme ou du patriotisme établit à partir d'un procès historique. Vincent Van Gogh a reconnu très tôt le travail de son aîné et a d'ailleurs confié à son frère toute l'admiration qu'il portait au peintre (marseillais). Tous deux partageaient semble-t-il la même rigueur et la même conception du travail et de la peinture. Les lettres de Vincent adressées à son frère Théo sont en ce sens éloquentes. Le jeune peintre mentionne à plusieurs reprises la notion d'étude pour évoquer les expérimentations qui marqueront la création et la reconnaissance d'une oeuvre singulière, longtemps impopulaire. Il existe une réelle filiation entre les deux peintres, qui ne se sont pourtant jamais connus, mais on ne peut décemment destituer l'oeuvre de Van Gogh en la substituant d'un simple coup de baguette magique par celle de Monticelli, peu connu au-delà des cercles de la bourgeoisie marseillaise et des spécialistes, historiens d'art. On observe une technique assez semblable, du point de vue du dessin et du mélange des couleurs, mais l'oeuvre de Vincent Van Gogh s'est considérablement développée au cours de son long séjour en Provence. Le peintre a révolutionné l'art pictural en explorant cette technique, parallèlement à d'autres emprunts (l'emploi des couleurs vives et la représentation des perspectives), d'autres sources d'inspiration comme les estampes japonaises. Une culture dont il s'est affranchi pour créer une oeuvre extraordinaire. Ainsi va le cours de l'humanité, devrait-on se féliciter. L'art de Van Gogh ne s'est pas fait tout seul. Le "marseillais" Monticelli ne devient pas pour autant le "chef de fil" ou le "père" de cette révolution artistique, c'est un instigateur, un astre dans le ciel de Van Gogh... 

Gloire à Monticelli! (au passage, né du côté de Ganagobie dans les Alpes de Hautes-Provence, fils bâtard d'une servante travaillant sans doute à la solde d'un de ces messieurs). 

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